Présentation
En Nouvelle-Calédonie, l’environnement nuit gravement... aux affaires !
Bonjour à toutes et… bonjour à tous,
Située dans l’océan Pacifique Sud,
• à 1200 Km des côtes Est de l’Australie et,
• à 1200 Km au Nord-Ouest de la NZ,
la Nouvelle-Calédonie est un archipel, dans la zone mélanésienne, qui compte environ 235 000 habitants sur 20 000 Km2, ou sur 40 000 Km2 avec les lagons coralliens.
Elle possède 1/4 de la réserve mondiale de nickel et, le plus gros gisement d’hydrates de gaz du monde.
Les 2 éthnies dominantes qui la composent principalement, ont une approche de l’environnement divergente, et que l’on peut résumer, schématiquement, de la manière suivante :
• Pour l’une, les Kanaks, habitants premiers, elle est basée sur un développement harmonieux, durable, solidaire et équilibré : c’est l’homme qui appartient à la terre,
• Pour l’autre, les tenants européens du pouvoir politique et financier, elle est basée sur une finalité productiviste : c’est la terre qui appartient à l’homme.
Cette discordance, engendre des conflits intercommunautaires qui s’expriment sur la scène politique.
Contrôlant l’exploitation du Ni et du Co, depuis presqu’un siècle, l’État français n’a jamais mis en place de législation environnementale dans ce pays.
Depuis l’Accord de Nouméa, en novembre 1998, la fragmentation du contrôle environnemental en 3 provinces partiellement souveraines :
- Province des îles Loyauté,
- Province Nord,
- et la Province Sud,
interdit toute approche écologique globale.
Sur cette planète, beaucoup parlent du respect de l'environnement mais, quelles sont leurs réelles intentions et surtout, quelle est la cohérence de leurs actes ?
Et bien, en Nouvelle-Calédonie, on peut dire que l'environnement nuit gravement... aux affaires.
100 ans d’exploitation minière, par la famille Rothschild d’abord, puis, par l’État français et la Société Le Nickel, filiale du Groupe ERAMET, ont laissé, à la population locale, la ruine sociale, sanitaire et... c’est un constat, la ruine écologique.
Aujourd’hui, des projets industriels sidérurgiques gigantesques sont en voie de réalisation… grâce à des autorisations obtenues avec une méthode de fonctionnement plus proche du totalitarisme que de la démocratie.
Jugez plutôt, l’étude d’impact soumise à la population fût une véritable provocation à la morale : un document volumineux, de 2200 pages, indigestes à lire, soumis pour avis en moins de vingt jours, pendant les vacances scolaires, était son support.
Et malgré l’avis défavorable émis par les services administratifs provinciaux, malgré les remarques pertinentes des ONG et l’avis réservé du Commissaire Enquêteur, l’exécutif du projet passa outre sur la seule et unique foi d’un rapport minimaliste d’experts de l’INERIS !
De même, prétendre s’opposer au classement des récifs coralliens sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité, par l’UNESCO, sous prétexte de lutter "pour" la protection des droits de pêche du peuple autochtone, n’était que l’ultime pitrerie d’un bouffon aux abois.
Quelle a été l'influence sur l'environnement, du laxisme étatique et d'un régime politique pré-totalitaire ?
Que se passe-t-il en Nouvelle-Calédonie, qui est une communauté de l’Outre-mer français dans le Pacifique Sud ? Et qui, soit dit en passant, est toujours un
Territoire inscrit sur la liste des pays "à décoloniser" de l’O.N.U... et où les huiles lourdes s’évaporent !
Et bien, l’empire colonial perdure au travers d’une ploutocratie pseudo démocratique, un club de milliardaires ayant construit leur fortune sur l’exploitation du minerai, et bloquant toute alternative de développement économique.
Depuis 1981, la Nouvelle-Calédonie a été gérée par une idéologie socialiste "à la française" qui a fait, ou laissé faire, l'inverse de ce qu'elle disait... ou prétendait défendre ! Quant à la droite républicaine, elle reste indigente sur le plan intellectuel : elle n’aime pas les idées.
Et donc, il n'existe, dans ce Territoire français, paradis de la biodiversité, aux ressources et potentialités colossales, aucune loi sur l'environnement.
Oui, vous entendez bien, une communauté d’Outre-mer, qui fait partie "budgétairement" de la France, qui dépend également de l'Europe, et qui ne possède, à ce jour, en 2006, aucune loi sur l'environnement.
Aussi bien en milieu marin qu’en milieu terrestre, les espèces connues et recensées y sont endémiques à près de 80% et, à l’échelle mondiale, ce petit pays est classé parmi les 10 "hot spots" de la planète où les milieux sont à la fois riches, et menacés. Il en va de même pour ce qui concerne les lagons et les écosystèmes associés.
Malheureusement, fortement dégradée par les feux de brousse et les exploitations forestières, il ne reste plus que 1% de la forêt sclérophylle, une forêt qui nous vient tout droit de l’ancien continent du Gondwana !
Cette attitude, qui met en danger un trésor de biodiversité, permet de valider un développement économique non durable, non solidaire, sans contrôle responsable et orienté vers le profit financier à court terme uniquement
Et tout cela, au détriment d’une économie qui pourrait être durable et solidaire, alternative, biologique, éco-touristique, à l’échelle d’un pays peuplé, je le rappelle, de 235 000 habitants seulement.
Où est la cohérence ? Où est le respect de l'homme et de son environnement ?
Bien évidemment, nous ne sommes pas restés inactifs. Nous avons protesté mais, sans moyens d'expression, sans moyens financiers ni aides d'aucune sorte, nos paroles se perdent dans un désert médiatique... et, une inertie institutionnelle.
Ploutocratie et environnement ne font pas "bon ménage" en Nouvelle-Calédonie !
Les armes sont trop inégales pour nous, les petites ONG souvent "marginalisées", et nous ne "boxons" vraiment pas, dans la même catégorie !
Il existe pourtant bien une alternative... Le classement des récifs coralliens et des écosystèmes associés sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO représente une chance de sauver ce qui n’a pas encore été atteint, de le faire savoir et d’agir solidairement avec ces populations autochtones qui habitent et vivent dans les poussières de l’empire.
Pour un classement intégral, nous avions imaginé la création du concept de "zone sacrifiées" avec un réel statut juridique, et, pour la gestion, l’application du système dérogatoire qui aurait fonctionné à l’instar du système des douanes françaises.
Le dossier pour un classement "partiel", sera déposé officiellement, par le Gouvernement français, en janvier 2007, et c’est pour nous malgré tout, une grande satisfaction.
D’autre part, la proposition d’une charte, avec la création d’un Bureau de l’Éthique Industrielle et Commerciale (BEIC), assorti de son Bureau de Contrôle (BC), que nous vous soumettons, ici et maintenant, pourrait devenir la pièce maîtresse d’un programme ambitieux à l’échelle européenne, pourvu qu’elle soit reprise avec nous par des ONG lobbyistes "major" les plus connues.
Dans une petite île avec une grande richesse spécifique et un très fort taux d'endémisme, la destruction de l'environnement est synonyme de disparition d'espèces.
Il s’agit donc, au sens propre du terme, d’un génocide !
Agissons donc, pour que la Nouvelle-Calédonie ne devienne pas :
"UNE des plus belles poubelles du Pacifique !" et pour que le modèle de développement "kanak-néo-calédonien ” devienne un modèle de réussite mondial qui inspirera, à coup sûr, la planète tout entière.
"Nous ne sommes pas propriétaire de cette terre (56-piscine) nous l’empruntons à nos enfants..." disent les vieux kanak.
Je terminerai sur cette parole d’Élie Wiesel :
"Tout peuple qui ne connaît pas son histoire, est condamné à la revivre."
Je vous remercie de m’avoir écouté. Je répondrais bien volontiers à toutes vos questions...
Pour Corail Vivant, lors du Colloque GECOREV (26, 27 et 28 juin 2006)
Bruno Van Peteghem
2001 Goldman Environmental Prize
"La bonne gouvernance – fondée sur l’État de droit et les principes de participation, de responsabilité et de transparence – est indispensable à la protection des droits des citoyens, et au développement économique et social. Elle n’est possible que si l’État, la société civile et le secteur privé rendent des comptes aux citoyens, ce qui suppose qu’ils opèrent dans la transparence et coopèrent entre eux."
Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion du 6e Forum mondial Réinventer l’État, Séoul, Corée, mai 2005.